Extrait de Chéri·e chéri·e
Essai sur la relation amoureuse
Ta silhouette enveloppe la mienne, réciproquement ajustée.
Condensation dans l’espace, la présence porte un nom.
Synonyme de quelqu’un, donc mieux que personne.
Différent des autres, ainsi mieux que tous.
Attachement polarisé. Seconde peau.
Toi et moi ici maintenant, toujours.
Tu m’embrasses donc je suis.
Aussi insaisissable qu’universel, le sentiment amoureux est intense. Sans compromis, il occupe toutes les cellules du corps, chaque instant. Entre béatitude et désespérance, être amoureux ressemble à une prison superbe. Elle brille, elle offre. Elle prend. On lui donne, elle possède. Elle se délite, on s’en échappe. Elle se dérobe, on la cherche.
La plupart des histoires d’amour sont façonnées par des blessures, flagrantes ou invisibles. Si l’attachement est impossible, refoulé, craint ou agressif, la blessure gouverne. Éclairer ces mécanismes invite à la douceur envers soi et envers chacun·e.
La vie tisse une toile de justesse, encore faut-il assez de recul pour l’entrevoir. L’ignorance nous soumet. La conscience nous offre d’aborder en douceur le navire de nos besoins primordiaux. Fort·e, on possède surtout des limites. Éveillé·e, on navigue dans n’importe quel port.